C'est une paroisse comme il en est bien d'autres, dévorée par l'ennui, la mesquinerie. En découvrant ce petit village de l'Artois, son nouveau curé mesure l'ampleur du sacerdoce. Il a pour lui sa jeunesse et sa foi. Et trop d'orgueil pour renoncer. Le salut des âmes, voilà son affaire – peu importe les âmes. Peu importe l'avarice du pauvre, le fier dédain du riche. Ni la solitude, ni le doute ne le rongent. Tout à la fois dupe et sauveur, guide et victime, l'humble pasteur fera sien le sacrifice de l'Agneau.
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Publié en 1947, "La France contre les robots" s'insurge contre l'essor du capitalisme industriel et la religion du progrès technique, qui construisent un monde déshumanisé où la vie tout entière est orientée par l'efficacité, la performance et la rentabilité. À l'homme ratatiné, uniformisé, Bernanos oppose l'homme rêveur et réfléchi, et en appelle à la révolution des élans généreux et de la jeunesse contre la société matérialiste.
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Ce violent pamphlet, repris par Lydie Salvayre dans Pas pleurer, fit scandale en France à sa parution en 1938. Il condamne la répression franquiste lors de la guerre civile espagnole. Les attitudes politiques de Georges Bernanos évoluent radicalement et il va prendre en horreur cette droite dont il semblait jusque-là figurer l'enfant turbulent. Pourtant chrétien, monarchiste et individualiste, révolté, il prend fait et cause pour les républicains et dénonce les atrocités d'un crime irrémédiable : le ralliement de l'Église espagnole au coup de force nationaliste de Franco.
Georges Bernanos (1888-1948), a écrit quelques-unes des oeuvres majeures de la France littéraire du XXe siècle. On lui doit Sous le soleil de Satan, Monsieur Ouine ou encore La France contre les robots.
« Vous êtes royaliste, disciple de Drumont - que m'importe ? Vous m'êtes plus proche, sans comparaison, que mes camarades des milices d'Aragon - ces camarades que, pourtant, j'aimais. » - Simone Weil
« Bernanos est un écrivain deux fois trahi. Si les hommes de droite le répudient pour avoir écrit que les assassins de Franco lui soulèvent le coeur, les partis de gauche l'acclament quand il ne veut pas l'être par eux. Il faut respecter l'homme tout entier et ne pas tenter de l'annexer. » - Albert Camus
« Un livre de prophète » - Emmanuel Mounier
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Un jeune prêtre tourmenté par sa propre impuissance, une jeune fille désespérée, des paroissiens tentés par l'impiété : tels sont les personnages de ce drame d'un monde sans dieu.
Écrit de 1919 à 1926, dans le foisonnement d'une époque où tout bascule, où la question du mal, de l'humiliation et du temps sont centrales, Sous le soleil de Satan est l'un des grands romans nés de la première guerre mondiale. L'affrontement entre les hommes se métamorphose ici en un affrontement entre les âmes.
Après Proust et avant Céline, Bernanos met le roman au défi du mysticisme, en proposant une nouvelle littérature, sensuelle et visionnaire, où la puissance métaphysique s'ajoute à la violence du pamphlétaire. Il est temps que Bernanos retrouve sa place parmi les plus grands romanciers, celle d'un Dostoïevski français.
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Georges Bernanos. L'auteur de "Sous le soleil de Satan" nous fait pénétrer dans les cercles infernaux d'une famille de petite noblesse provinciale, dont la jeune fille, Chantal de Clergerie, illuminée par la grâce, rayonne de pureté, de fraîcheur et de joie. Partageant innocemment la foi trompeuse du prêtre Chevance, elle devient l'instrument privilégié de l'action de Dieu lui-même, le Grand Imposteur. À travers une galerie de personnages inoubliables -- le père, aussi médiocre historien que carriériste; la mère, cramponnée à son trousseau de clés; le psychiatre, le prêtre, les domestiques sournois... -- il nous plonge dans un univers de Chute et de Rédemption, de Ténèbres et de Lumière, de Bien et de Mal, de Joie et de Souffrance extatique dont nul ne ressort indemne. "Chaque être si misérable qu'on le suppose,a néanmoins sa vérité. Mais qu'importe la vérité des êtres à qui n'a jamais entrepris de chercher sa propre vérité ? " Troisième roman de Bernanos -- mais qui devait à l'origine être le deuxième volet des "Ténèbres", dont le premier s'appela "L'Imposture" -- "La Joie" a été récompensé par le Prix Femina en 1929.
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L'Imposture déroute puisque tout y semble pure noirceur : nuit des mensonges et imposture d'un prêtre, Cénabre, qui a perdu la foi. Mais l'a-t-il jamais possédé ? Les personnages de ce roman paraissent tous êtres emprisonnés dans une cellule dont ils ne parviendront jamais à s'échapper. Bernanos écrit sans doute ici les plus belles pages de la littérature française sur les turpitudes de l'âme.
Georges Bernanos (1888-1948), a écrit quelques unes des oeuvres majeures de la France littéraire du XXe siècle. On lui doit Sous le soleil de Satan, Les Grands cimetières sous la lune ou encore La France contre les robots.
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Considéré comme l'oeuvre majeur de Bernanos, Monsieur Ouine démarre dans la fournaise d'une journée d'été. Dans un village, un crime a été commis et les dénonciations anonymes vont bon train, engendrant un climat délétère. Quelle est la responsabilité de cet étrange Monsieur Ouine, personnage au corps flasque et suintant ? C'est tout le mystère du mal qui est ici relaté.
Georges Bernanos (1888-1948), a écrit quelques-unes des oeuvres majeures de la France littéraire du XXe siècle. On lui doit Sous le soleil de Satan, Les Grands cimetières sous la lune ou encore La France contre les robots.
« Monsieur Ouine est le chef-d'oeuvre de la littérature bernanosienne. » - Juan Asensio, Stalker.
« Le titre le plus prisé aujourd'hui des inconditionnels de Bernanos. » - Le Monde
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Mouchette, une jeune fille de treize ans, vit dans l'indifférence de sa famille et le dédain de ses camarades. Un soir, une mauvaise rencontre sera décisive pour son avenir. Quel est ce secret trop lourd à garder ? Quand elle reviendra au village, il va en tout cas lui attirer toujours plus d'ennuis et de mépris...
Georges Bernanos (1888-1948), a écrit quelques-unes des oeuvres majeures de la France littéraire du XXe siècle. On lui doit Sous le soleil de Satan, Les Grands cimetières sous la lune ou encore La France contre les robots.
« Roman d'abandon, pour un monde moderne abandonnée » - Fabula
« Il ne me reste qu'à vous exprimer ma vive admiration. » - Simone Weil
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Sous couvert d'une biographie d'Edouard Drumont, quarante-cinq ans d'Histoire de France - de 1870 à 1915, de la Commune à l'Affaire Dreyfus en passant par le scandale du canal de Panama - forment la trame de ce brillant pamphlet-hommage. De l'auteur antisémite de "La France juive", qu'il appelait "mon maître", Bernanos dresse le portrait d'un grand homme idéaliste aux prises avec tous les bien-pensants de l'époque: bourgeois conservateurs, républicains, socialistes, juifs, francs-maçons, parlementaires, militaires, prêtres et autres notables qui ne songent qu'à s'enrichir et à se concilier les faveurs de ceux qui les briment, tout en préparant inconsciemment la Grande Guerre à venir. "La Grande Peur des bien-pensants", récit de l'agonie de la France chrétienne et violent réquisitoire contre une République corrompue, est l'occasion pour Bernanos d'exprimer toute la colère antibourgeoise et anticapitaliste qui l'anime. À travers le récit de la fin solitaire d'un Drumont vaincu et désespéré, c'est aussi une sorte de testament de sa propre jeunesse.
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On ne présente pas Bernanos, on l'a lu, on le lit. Soixante-dix ans après sa mort, il apparaît plus que jamais dans sa totale singularité. Bernanos n'est pas seulement un écrivain impressionnant, il est aussi un mélange étonnant d'individualité irréductible et d'engagement à la fois constant et inclassable : aucun parti politique, aucune idéologie, aucune droite ni aucune gauche n'ont pu récupérer à leur profit les essais et pamphlets de cet admirateur d'un autre " irrécupérable " : Léon Bloy.
Catholique flamboyant, Bernanos n'hésite pas, bien que royaliste de coeur, à soutenir les républicains pendant la guerre d'Espagne, ni, bien que nationaliste, à s'exiler au Brésil lorsque certains " nationaux " prennent le pouvoir en profitant de la victoire allemande de 1940. Il voit alors en Charles de Gaulle un " prédestiné " et se rallie à la cause résistante qu'il incarne.
Ce volume rassemble ses essais majeurs et un grand nombre de ses articles politiques, historiques ou littéraires, témoignages directs de l'histoire universelle vécue par l'écrivain. À côté de textes devenus des classiques, comme Les Grands Cimetières sous la lune ou Le Chemin de la Croix-des-Âmes, on trouvera ici des oeuvres fondamentales, comme Nous autres Français ou La France contre les robots, ainsi que des chefs-d'oeuvre rares mais indispensables à la compréhension de l'itinéraire de Bernanos : son Saint Dominique ou son magnifique essai sur Jeanne d'Arc, Jeanne relapse et sainte.
Lire ou relire Bernanos n'a jamais cessé d'être nécessaire et l'est peut-être plus encore aujourd'hui où ses maîtres mots et principes directeurs, " révolte de l'esprit " et " scandale de la vérité ", sont les meilleures répliques au poids des conformismes et à l'inertie des consciences.
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Le volume que vous tenez entre les mains n'est pas un livre comme les autres. Dans la composition reproduite ici, il a été imprimé clandestinement au cours de l'été 1943. Diffusé dans une France occupée, il consistait simplement en huit pages recto-verso, pliées et non reliées. Un tract. Un cri de colère.
« Où allons-nous ? » demande Georges Bernanos. Depuis le Brésil, où il s'est exilé en 1938, le romancier a observé avec angoisse le saccage nazi de toutes les valeurs. Il a pressenti que celui-ci risquait de produire son souffle destructeur au sein des sociétés européennes longtemps après la victoire alliée. Qu'il s'agisse de la trahison des classes dirigeantes « emportées par leur mépris et la haine du peuple », du machinisme, de l'État total, de l'empire de l'argent, de la dictature anonyme ou de « l'immense appareil législatif et administratif » qui s'est mis en place pendant la guerre, l'écrivain aux dons de prophète a vu que l'humanité ne retrouverait pas ce qu'elle avait perdu - ou qu'elle le retrouverait sous une forme méconnaissable. Un texte saisissant.
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Deux romans mais une histoire commune !
Lorsque Bernanos commence à écrire Un crime, il a alors deux manuscrits en chantier : Un mauvais rêve et Monsieur Ouine. Le manuscrit écarté d'Un crime a été retrouvé. Il permet de donner un meilleur texte pour Un mauvais rêve, roman né en partie du refus d'Un crime et resté inédit du vivant de l'auteur.
Georges Bernanos (1888-1948), a écrit quelques unes des oeuvres majeures de la France littéraire du XXe siècle. On lui doit Sous le soleil de Satan, Les Grands cimetières sous la lune ou encore La France contre les robots.
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Georges Bernanos. "Le crime est rare; je veux dire le crime qualifié, authentique, tombant sous le coup de la loi. Les hommes se détruisent par des moyens qui leur ressemblent, médiocres comme eux. Ils s'usent sournoisement. Et les crimes d'usure, monsieur, ça ne regarde pas les juges !..." Un presbytère de campagne, un prêtre étrange et nouveau venu, et par une nuit lugubre, un crime. Ainsi commence un récit fascinant où Bernanos donne au roman policier la dimension d'une aventure spirituelle, où les passions se heurtent sous le couvert de l'innocence, où la violence se dissimule sous le charme et l'apparence de piété. Quels rapports unissent le jeune curé de Mégère et Evangéline, la nièce de la châtelaine assassinée ? A quel mystère sordide, le juge Frescheville va-t-il être confronté ? Sous la lente progression de l'enquête, la vérité, trop tôt devinée, n'est pas sans ménager quelque surprise. Peu à peu, le drame s'élève au-dessus du fait divers, il devient, dans le lyrisme et l'écriture dense de Bernanos, un problème moral posé au lecteur.
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Mégère, au coeur des Alpes, sa mairie, son église, ses habitants tranquilles. Mais l'arrivée d'un jeune prêtre enclenche une série de catastrophes. Une nuit, on entend des cris et un coup de feu. Plus loin, une vieille femme sans histoire est assassinée. Dans son jardin : un homme est retrouvé inconscient, plongé dans le coma. Commence alors une enquête intense, dans laquelle Bernanos excelle par son art de la dissimulation. Georges Bernanos (1888-1948), a écrit quelques-unes des oeuvres majeures de la France littéraire du XXe siècle. On lui doit Sous le soleil de Satan, Les Grands cimetières sous la lune ou encore La France contre les robots.« À chaque page on reconnaît l'auteur par son art de la dissimulation. Une curiosité. » - Christine Ferniot, Télérama
« Ces textes sont beaucoup plus des romans bernanosiens que des polars (là non plus, l'auteur ne respecte pas les conventions). » - Mathieu Lindon, Libération
« Entre polar et aventure spirituelle, entre le lyrisme de la langue et le malaise provoqué par l'enquête, Bernanos nous mène jusqu'au bout par le bout du nez. » - Marine de Tilly, Le Point
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Georges Bernanos. Considéré comme l'un des meilleurs romans français du XXe siècle, le "Journal d'un curé de campagne" est aussi l'une des oeuvres les plus émouvantes de Georges Bernanos. Un jeune prêtre catholique est nommé curé d'Ambricourt, une petite paroisse rurale du nord de la France. Son amour des âmes et son zèle de pasteur se heurtant à l'indifférence et à la vulgarité, il trouve un apaisement en confessant le trop plein de son coeur dans un journal intime. Relatant méticuleusement la vie quotidienne de ses paroissiens, il découvre aussi leurs turpitudes et la complexité des relations qui les lient. La voix d'un autre prêtre, son confident, répond tout au long du journal à ses doutes et à ses faiblesses. La peur, qui est au centre de toute l'oeuvre de l'auteur de "Sous le soleil de Satan", compose un accompagnement sourd au monologue du jeune prêtre qui succombera finalement à un cancer.
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Georges Bernanos. Publié en 1938 pour dénoncer la répression franquiste de la Guerre d'Espagne, ce pamphlet est aussi un livre charnière dans l'oeuvre de Bernanos. Alors que dans "La Grande peur des bien-pensants" l'écrivain alors farouchement nationaliste et antisémite défendait ses amis politiques (Edouard Drumont, Charles Maurras, Henri Massis,...), il instaure ici le procès "spirituel" de ce courant d'idées et dénonce la collusion entre catholiques et franquistes, s'en prenant non seulement au général Franco mais aussi à tous les "bien-pensants" de l'Église, de Paul Claudel à la Cour de Rome en passant par les prêtres républicains français et les prêtres phalangistes espagnols. Pour Bernanos, il y a derrière la Guerre d'Espagne une imposture religieuse majeure, une rupture entre l'Église de Dieu et les pauvres, une perte de l'idéal chrétien remplacé par la haine sociale et la tyrannie politique qui signe in fine la mort de la chrétienté. D'apostrophes polémiques passionnées en attaques d'une violence verbale inouïe, "Les Grands cimetières sous la lune", présenté par l'auteur comme "le témoignage d'un homme libre", brûle d'amour et de justice.
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Georges Bernanos (1888-1948) "Voici l'heure du soir qu'aima P. J. Toulet. Voici l'horizon qui se défait - un grand nuage d'ivoire au couchant et, du zénith au sol, le ciel crépusculaire, la solitude immense, déjà glacée, - plein d'un silence liquide... Voici l'heure du poète qui distillait la vie dans son coeur, pour en extraire l'essence secrète, embaumée, empoisonnée.Déjà la troupe humaine remue dans l'ombre, aux mille bras, aux mille bouches ; déjà le boulevard déferle et resplendit... Et lui, accoudé à la table de marbre, regardait monter la nuit, comme un lis.Voici l'heure où commence l'histoire de Germaine Malorthy, du bourg de Terninques, en Artois. Son père était un de ces Malorthy du Boulonnais qui sont une dynastie de meuniers et de minotiers, tous gens de même farine, à faire d'un sac de blé bonne mesure, mais larges en affaires, et bien vivants. Malorthy le père vint le premier s'établir à Campagne, s'y maria et, laissant le blé pour l'orge, fit de la politique et de la bière, l'une et l'autre assez mauvaises. Les minotiers de Doeuvres et de Marquise le tinrent dès lors pour un fou dangereux, qui finirait sur la paille, après avoir déshonoré des commerçants qui n'avaient jamais rien demandé à personne qu'un honnête profit. « Nous sommes libéraux de père en fils », disaient-ils, voulant exprimer par là qu'ils restaient des négociants irréprochables... Car le doctrinaire en révolte, dont le temps s'amuse avec une profonde ironie, ne fait souche que de gens paisibles. La postérité spirituelle de Blanqui a peuplé l'enregistrement, et les sacristies sont encombrées de celle de Lamennais." La jeune Mouchette, séduite par le marquis de Cadignan, tombe enceinte ; abandonnée par le marquis, elle le tue et devient la maîtresse de l'officier de santé Gallet qui refuse néanmoins de l'avorter. Son chemin croise celui de l'abbé Donissan, un prêtre doutant de ses propres capacités et tourmenté par l'action de Satan qu'il voit partout...
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Georges Bernanos (1888-1948) "Ma paroisse est une paroisse comme les autres. Toutes les paroisses se ressemblent. Les paroisses d'aujourd'hui, naturellement. Je le disais hier à M. le curé de Norenfontes : le bien et le mal doivent s'y faire équilibre, seulement le centre de gravité est placé bas, très bas. Ou, si vous aimez mieux, l'un et l'autre s'y superposent sans se mêler, comme deux liquides de densité différente. M. le curé m'a ri au nez. C'est un bon prêtre, très bienveillant, très paternel et qui passe même à l'archevêché pour un esprit fort, un peu dangereux. Ses boutades font la joie des presbytères, et il les appuie d'un regard qu'il voudrait vif et que je trouve au fond si usé, si las, qu'il me donne envie de pleurer.Ma paroisse est dévorée par l'ennui, voilà le mot. Comme tant d'autres paroisses ! L'ennui les dévore sous nos yeux et nous n'y pouvons rien. Quelque jour peut-être la contagion nous gagnera, nous découvrirons en nous ce cancer. On peut vivre très longtemps avec ça. L'idée m'est venue hier sur la route. Il tombait une de ces pluies fines qu'on avale à pleins poumons, qui vous descendent jusqu'au ventre. De la côte de Saint-Vaast, le village m'est apparu brusquement, si tassé, si misérable sous le ciel hideux de novembre. L'eau fumait sous lui de toutes parts, et il avait l'air de s'être couché là, dans l'herbe ruisselante, comme une pauvre bête épuisée. Que c'est petit, un village ! Et ce village était ma paroisse." Dans le nord de la France, un jeune curé confie à son journal ses souffrances aussi bien morales (le peu de foi de ses paroissiens, l'arrogance de certains, la médisance des autres) que physiques (il souffre de l'estomac). Il y consigne également ce qu'il pense être le rôle de l'Eglise, sa croyance dans la "grâce de Dieu"...
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Georges Bernanos (1888-1948) "- Qui va là ? C'est toi, Phémie ? Mais il était peu probable que la sonneuse vînt si tard au presbytère. Sous la fenêtre, le regard anxieux de la vieille bonne ne pouvait guère voir plus loin que le premier tournant de l'allée ; le petit jardin se perdait au-delà, dans les ténèbres. - C'est-i vous, Phémie ! reprit-elle sans conviction, d'une voix maintenant tout à fait tremblante.Elle n'osait plus fermer la fenêtre, et pourtant le sourd roulement du vent au fond de la vallée grandissant de minute en minute comme chaque soir, ne s'apaiserait qu'avec les premiers brouillards de l'aube. Mais elle redoutait plus que la nuit l'odeur fade de cette maison solitaire pleine des souvenirs d'un mort. Un long moment, ses deux mains restèrent crispées sur le montant de la fenêtre ; elle dut faire effort pour les desserrer. Comme ses doigts s'attardaient encore sur l'espagnolette, elle poussa un cri de terreur. - Dieu ! que vous m'avez fait crainte. Par où que vous êtes montée, sans plus de bruit qu'une belette, mams'elle Phémie ? La fille répondit en riant : - Ben, par le lavoir, donc. Drôle de gardienne que vous faites, sans reproche, mademoiselle Céleste ! On entre ici comme dans le moulin du père Anselme, parole d'honneur. Sans attendre la réponse, elle prit une tasse sur l'étagère et se mit tranquillement en demeure de la remplir de genièvre." En pleine nuit, le nouveau curé de Mégère, un petit village de Provence, arrive au presbytère. Il est accueilli par Mme Céleste. Mais cette même nuit, le jeune desservant entend des coups de feu et des appels à l'aide. L'alerte est donnée et les recherches aboutissent à la découverte, dans le jardin du château, d'un inconnu agonisant...
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«Mais situons d'abord M. Georges Bernanos dans nos perspectives littéraires. Il n'a pas été d'abord facile à définir. "Sous le soleil de Satan" le faisait apparaître comme un romancier du surnaturel, spécialité assez rare en France et qui n'a pas de province littéraire bien établie. "L'imposture" et "La joie" semblaient préciser M. Georges Bernanos comme le romancier du prêtre, autre spécialité extrêmement difficile et chez nous peu commune. Mais bientôt, les dons de polémiste de M. Georges Bernanos éclataient dans la "Grande peur des bien-pensants", mettant alors sa pensée, sa tradition intellectuelle en pleine lumière.» (Ramon Fernandez)
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Georges Bernanos (1888-1948) "Lettre d'Olivier Mainville à sa tante. Ma chère tante, j'aurais dû vous écrire à l'occasion des fiançailles d'Hélène et le temps passe, passe. Vingt jours à votre Souville, vingt jours tous pareils, avec leur compte exact d'heures, de minutes, de secondes - et encore l'horloge de la paroisse doit vous faire bonne mesure, treize heures à la douzaine peut-être, sait-on ? - vingt jours de province, enfin, c'est quelque chose. Ici, voyez-vous, ce n'est rien. On les arrache au calendrier par poignées, les jours, on les jette à peine défraîchis pour en avoir tout de suite des neufs. Et personne n'a l'idée de vérifier le total, à quoi bon ? Dieu est honnête. Aussi, lorsque vous me parlez de donner l'emploi de mon temps, je vous admire. Le seul point fixe de mon espèce de diorama tournant, c'est toujours, depuis décembre, ma visite quotidienne à M. Ganse - ce que vous appelez si drôlement mon secrétariat. Singulier secrétaire ! J'arrive chaque après-midi à trois heures tapant. Je fume des cigarettes en compagnie du patron jusqu'à cinq heures. Tandis que nous causons - il écoute avidement, cyniquement, il est curieux de tout, avec des étonnements qui me semblent presque naïfs, de brusques retours sur lui-même, absolument déconcertants, qui vous donnent envie de rougir - Mme Alfieri, la première secrétaire, achève de mettre au net les pages dictées le matin. Puis je dois les relire au patron qui commence par hausser les épaules, s'énerve, et à la dixième ligne me prie régulièrement de lui fiche la paix." Olivier Mainville travaille chez l'écrivain Ganse. Il écrit une lettre à sa tante, lettre dans laquelle il décrit aussi bien l'écrivain que son neveu cynique, Philippe, et son énigmatique secrétaire, Mme Alfieri. Cette lettre est lue par son patron... Roman inachevé de Georges Bernanos.
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Georges Bernanos (1888-1948) "- Mon cher enfant, dit l'abbé Cénabre, de sa belle voix lente et grave, un certain attachement aux biens de ce monde est légitime, et leur défense contre les entreprises d'autrui, dans les limites de la justice, me semble un devoir autant qu'un droit. Néanmoins, il convient d'agir avec prudence, discrétion, discernement... La vie chrétienne dans le siècle est toute proportion, toute mesure : un équilibre... On ne résiste guère à ces violences selon la nature, mais nous pouvons en régler le cours avec beaucoup de patience et d'application... Ne défendons que l'indispensable, sans prévention contre personne. À ce prix notre coeur gardera la paix, ou la retrouvera s'il l'a perdue. - Je vous remercie, dit alors M. Pernichon, avec l'accent d'une émotion sincère. La lutte pour les idées nous échauffe parfois, je l'avoue. Mais l'exemple de votre vie et de votre pensée est un grand réconfort pour moi. (Il parlait ainsi la bouche encore tirée par une grimace convulsive, qui faisait trembler sa barbe.)- J'accorde, reprit-il, que le rapport annuel eût pu être confié à un autre que moi. Il y a des confrères plus qualifiés. Par exemple, j'aurais cédé volontiers la place au vénérable doyen de la presse catholique, s'il n'avait décliné dès le premier jour un honneur qui lui revenait de droit... Pouvions-nous réellement supposer que l'effacement volontaire du vieux lutteur aurait cette conséquence d'élever un Larnaudin sur le pavois ? Son regard exprimait une véritable détresse, l'anxiété d'une douleur physique, comme si le malheureux eût vainement cherché à suer sa haine." L'abbé Cénabre est respecté par ses pairs et le milieu dans lequel il évolue. Il s'aperçoit qu'il a perdu la foi mais l'a-t-il vraiment possédée ? Georges Bernanos nous fait voyager à travers des âmes en lutte ; tout n'est qu'imposture et mensonges.
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Georges Bernanos (1888-1948) "Elle ouvrit doucement la porte, et resta un moment sur le seuil, immobile, tenant levée sa main à mitaine noire. Puis elle reprit sa marche à pas menus, furtive, éblouie, sa vieille petite tête invisible sous le triple bandeau d'un châle de laine, aussi seule qu'une morte dans le jour éclatant. Un rayon de soleil traversait la pièce obliquement, de bout en bout. Quand elle s'arrêta, l'ombre lumineuse du tilleul continua de flotter sur le mur. - Qui vous a laissée venir ici, maman, pourquoi ? dit M. de Clergerie. À une heure pareille ! De si bon matin. Que fait donc Francine ? Il était apparu à l'autre extrémité de la salle, avec ses lunettes d'écaille et son petit bonnet de drap, un veston de chambre à brandebourgs sur sa chemise de nuit. Mais elle ne cessait pas de le regarder fixement, comme pour le mieux reconnaître et lui trouver une place dans la mystérieuse et implacable succession de ses pensées. Il s'approcha d'elle, en haussant les épaules, et lui serra un peu le bras sans parler. - Les clefs ? dit-elle. - Peut-être les avez-vous laissées sur votre table de nuit ? Hier déjà, maman, souvenez-vous... Et tenez, je les sens dans votre poche : les voilà. La main ridée sauta dessus, avec l'agilité d'une petite bête. Elle les approcha de son oreille, les fit cliqueter, puis sourit malicieusement. La voix de son fils, une pression de ses doigts, sa seule présence réussissait toujours à l'apaiser. Mais ses traits ne se détendirent cette fois qu'un instant, et elle se mit de nouveau à parler pour elle seule, à voix basse." "La joie" est la suite de "L'imposture". Au château de M. Clergerie, tous les habitants cultivent l'imposture ; au milieu de ces personnages, évolue Chantal de Clergerie, jeune fille pure incarnant la joie mais emplie de doutes et de souffrance...
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Georges Bernanos (1888-1948)"Elle a pris ce petit visage à pleines mains - ses longues mains, ses longues mains douces - et regarde Steeny dans les yeux avec une audace tranquille. Comme ses yeux sont pâles ! On dirait qu'ils s'effacent peu à peu, se retirent... les voilà maintenant plus pâles encore, d'un gris bleuté, à peine vivants, avec une paillette d'or qui danse. « Non ! non ! s'écrie Steeny. Non ! » Et il se jette en arrière, les dents serrées, sa jolie figure crispée d'angoisse, comme s'il allait vomir. Mon Dieu !« Que se passe-t-il ? Voyons, Steeny, interroge une voix inquiète, toute proche, de l'autre côté des persiennes closes. Est-ce vous, Miss ? »Mais elle l'a déjà repoussé violemment, sauvagement, et reste debout sur le seuil, indifférente !« Eh bien, Steeny, méchant garçon ! »Il hausse les épaules, jette vers la porte un regard dur, un regard d'homme.« Maman ?- Je croyais t'avoir entendu crier, dit la voix déjà lasse. Si tu sors, prends garde au soleil, mon chéri, quelle chaleur ! »Quelle chaleur en effet ! L'air vibre entre les lamelles de bois. Son nez contre la persienne, Steeny le hume, l'aspire, le sent descendre au creux de sa poitrine jusqu'à ce lieu magique où retentissent toutes les terreurs et toutes les joies du monde... Encore ! Encore ! Cela pue la céruse et le mastic, une odeur plus puissante que l'alcool où se mêle bizarrement l'haleine toujours moite des grands tilleuls de l'allée. Voilà que le sommeil l'a pris en traître, d'un coup sur la nuque, en assassin, avant même qu'il ait fermé les yeux. L'étroite fenêtre s'ébranle lentement, vacille, puis s'allonge démesurément comme aspirée par en haut. La salle entière la suit, les quatre murs s'emplissent de vent, battent tout à coup comme des voiles..."Steeny, un jeune adolescent souffre de l'indifférence que lui porte sa mère et de la tyrannie exercée par sa gouvernante. Il aime se réfugier au château, chez l'étrange Ginette de Néréis surnommée "Jambe de laine" dont le mari meurt à petit feu d'une gangrène diabétique. Dans cette atmosphère puante, Steeny fait la connaissance de Monsieur Ouine, un ancien professeur de langues plus ou moins parasite des châtelains. Qui est-il vraiment ? Un crime est commis...
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